Cover101BISPlus chaud que le climat !

L’été qui vient de se terminer n’a pas été chaud seulement d’un point de vue climatique. Les mobilisations se succèdent aux quatre coins de la planète, de Moscou à Hong Kong, du Brésil à l’Algérie. À plus petite échelle, nous assistons aux luttes exemplaires du personnel infirmier, des livreur.euse.s de repas ainsi que des travailleur.euse.s d’Amazon. Des luttes dont l’origine est très variée – la violence patriarcale, l’exploitation du travail et des ressources naturelles, la violence étatique – mais qui, dans leur diversité, mettent en évidence quelques éléments qu’il vaut la peine de signaler.
La phase actuelle du capitalisme met sérieusement en péril la capacité de l’humanité à se reproduire : l’épuisement des ressources naturelles et le réchauffement climatique affectent directement les conditions physiques de la vie ; les politiques d’austérité – c’est-à-dire la réduction des financements des services publics et de la Sécurité sociale – creusent les inégalités et transfèrent le cout et la charge de la reproduction sur les individus et plus particulièrement sur les femmes. Côté travail, on assiste à la diffusion de contrats atypiques (qui réduisent les droits et la protection des salarié.e.s), à la précarisation des emplois, à une exploitation forcenée – toutes des modalités qui épuisent travailleur.euse.s, et limitent le temps et les énergies disponibles pour la reproduction et l’épanouissement.
Esper100

Tout ce qui ne se régénère pas dégénère


La préface de l’ouvrage d’Edgar Morin, Enseigner à vivre, que j’ai eue l’occasion de lire en 2016 suite à une journée de recyclage ISCO, nous invite à cette réflexion : « Lions inséparablement la formule de Hans Jonas sur la planète dégradée que nous laisserons à nos enfants et la formule de Jaime Semprun s’inquiétant des carences de notre éducation : « quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ? » et « À quels enfants allons-nous laisser le monde ? ».

Mai 2019. En préparation de cet édito, je ré-ouvre ce petit livre rouge juste avant de refermer la page d’un grand bout de ma vie professionnelle au CIEP. Je relis ces quelques phrases et je me dis, amusée, que sans le savoir Edgar Morin a mis à l’époque en mots le trait d’union que je m’apprête à dessiner au pied du chemin. Pendant presque 17 ans je me suis engagée dans un mouvement unique et essentiel qui cherche sans relâche à participer à la construction d’une société juste, égalitaire, solidaire, reconnaissant et soutenant l’émancipation collective et individuelle. Demain, je souhaite contribuer à ma mesure comme institutrice à faire de l’institution scolaire un lieu réellement démocratique d’ouverture et d’inclusion.
Esperluette 100 (Avril/Mai/Juin 2019)

 

Esper99"Maman, c'est quoi la grève ? " 

É. : À l’école, j’ai entendu des grands dire qu’ils faisaient la grève de l’école pour le climat.
V. : En fait, Éthel, la grève, c’est une action collective qui cherche à priver l’entreprise (ou tout autre organisation) de ses forces de travail en cessant les activités en cours et qui cherche à rendre visible l’enjeu du conflit, du désaccord pour le dire autrement.
É. : Mais pourquoi font-ils cela ? Tu dis toujours que c’est mieux de se parler alors pourquoi tout bloquer ?
V. : Justement, la grève c’est quand on a déjà beaucoup discuté ou qu’on ne se sent pas du tout respectés.
É. : Alors, ils ont raison, mais… – pensive - pourtant, j’ai entendu des parents dans la cour de récréation le matin qui disaient que c’était trop facile de faire grève, que c’était normal que la vie ne soit pas toujours rose et que chacun devait faire des efforts et prendre sur lui.

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