104 PhotoUn « après » déjà là ?

Nous subissons encore, toutes et tous, les effets de la pandémie qui nous contraignent depuis plusieurs mois au confinement. Après un bilan de ce que cette crise a mis en évidence en termes d’injustices structurelles, le MOC et le secteur associatif réfléchissent à l’après-pandémie. Le sentiment que cette crise relève du jamais vu est partiellement justifiable pour les pays d’Europe, qui, depuis un siècle, n’ont plus été touchés par une crise sanitaire de cette nature, alors que c’est bien plus fréquent dans les pays du Sud. La seule menace « externe » connue dans les dernières années est le « terrorisme ». Une cause invisible, qui pourrait se trouver à proximité sans que nous puissions la voir, la reconnaitre, contre laquelle nous ne pouvons que nous mettre à l’abri et faire confiance aux expert.e.s.

Esperluette 104 - Avril/Mai/Juin 2020

Cover103L'Education populaire au temps du coronavirus

Au moment où ces lignes sont écrites, une pandémie secoue une bonne partie de notre planète et frappe les pays occidentaux. On a parfois le sentiment d’une toute-puissance occidentale, comme si on avait la conviction profonde que, chez nous, un virus qui se répand ne peut pas avoir de conséquences catastrophiques. Après la grippe espagnole en Europe il y a un siècle, des dispositifs de recherche médicale ont été mis en place pour développer rapidement des vaccins, des systèmes performants ont été construits pour la prise en charge des malades. Pourquoi se préoccuper ? Dans certains pays du Sud, par exemple en Inde, des mesures de contrôle de la diffusion
du coronavirus ont été déployées beaucoup plus vite et ce malgré le nombre bien plus réduit de cas que dans les pays occidentaux : probablement, en Inde, la conscience de ce qu’une épidémie peut provoquer relève d’une expérience encore
vivante. Y aurait-il une perte de mémoire dans nos pays qui justifierait une sous-estimation d’un danger ? Y aurait-il une conviction de supériorité occidentale qui est en jeu ?

Esperlutte 103 - Janvier/Février/Mars 2020 - Partie 1 - Partie 2

Cover102La jeunesse éternelle?

On dit parfois qu’on commence à vieillir le jour de notre naissance. Cette boutade contient une vérité objective. Une trajectoire de vie est un parcours d’apprentissage et d’adaptation aux évolutions de son milieu. Ce constat vaut aussi pour les institutions et les organisations, qui naissent de la cristallisation de rêves, de volontés (collectives et individuelles), en leur donnant visibilité, stabilité et capacité d’action. Le philosophe Cornelius Castoriadis s’est penché sur ces processus qu’il appelait « instituants », présents dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Parfois ces créations sociales dépassent les impulsions initiales, développent une existence propre ; et sont confrontées à des enjeux de survie et de recherche de sens.

Une question se pose souvent : est-ce mieux de transformer une institution qui vieillit ou d’en créer une toute nouvelle ? Selon le cybernéticien Heinz von Foerster, une question est bonne si elle n’a pas de réponse, car elle sera la source de nouvelles réflexions et de nouveaux efforts de recherche. Parfois, les institutions deviennent inadaptées, obsolètes, conservatrices, bureaucratisées ; elles peuvent se développer dans un sens opposé à celui d’origine. Et cela malgré le fait que les problèmes liés à cette création sont toujours présents, parfois même aggravés. Ou malgré que les finalités initiales, des objectifs de justice, d’égalité, d’émancipation sont encore plus pertinents que par le passé. Faut-il des nouvelles institutions ou peut-on espérer que les inerties et les routines cumulées ne nous empêchent pas de revitaliser une institution existante ? Cette bonne question nous stimule à réfléchir et être créatif. Toutefois il arrive que les conditions environnementales rendent la recherche d’une réponse plus urgente, au risque de voir mourir l’institution sans avoir construit d’alternatives.

Esperluette 102 - Octobre/Novembre/Décembre 2019

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