Esper90Chaque fois que j’atteins le fond du désespoir, je commence à sourire

2016 est, petit à petit, en train de tirer sa révérence et avant que le rideau ne soit complètement baissé, on peut tout de même dire que cette année nous en aura fait voir.  Ici encore, à l’heure où je vous écris, cela fait maintenant plus de trois semaines que la nouvelle est tombée… Léonard Cohen est décédé.  
Un poète tout à la fois compositeur et musicien, une voix profonde, posée et bouleversante, des mots sur la passion, la solitude, les relations, l’amour et puis, un homme dans toute sa sincérité. Leonard Cohen vivait avec cette maladie nommée la dépression. En regardant le reportage de sa tournée «Bird on a wire» en 1972, on touche un peu à ce que cela évoque: de l’intelligence, de la fragilité, de la critique, de l’humilité et ces larmes au coin des yeux, tétanisé par ses émotions, incapable de remonter sur scène et de chanter face à un public pourtant chaleureux et gourmand.  Cet extrait montre bien toute la détresse de ce qui est vécu quand on en est touché au plus profond de soi.  En 2012, Cohen disait très justement que «la dépression est une affaire sérieuse. Il ne s’agit pas que de la contrariété causée par un rendez-vous galant raté ou un week-end pourri. La dépression est le contexte dans lequel s’installe toute une vie d’anxiété: rien ne va jamais vraiment, (et) tout ce que l’on espère s’écroule toujours…».
C’est donc sur cette maladie et toutes les fragilités que cela évoque que nous avons décidé de poser notre regard en ce début d’hiver. Bien entendu, nous allons prendre un point de vue qui nous est propre: celui du lien entre notre quotidienneté (comme formateur, animateur, acteur social) et la santé mentale.
Esperluette n°90 (Octobre/Novembre/Décembre 2016)