Esper84Pourquoi désobéir en démocratie ?

Cette question n’est pas seulement le titre d’un ouvrage récent qui fait dialoguer un sociologue et une philosophe; elle résume, brièvement mais clairement, ce qui a motivé notre réflexion au CIEP ces derniers mois. Peut-on, en tant que mouvement social, reconnaitre une forme de légitimité aux pratiques de désobéissance civile? Au nom de quoi? Et comment ces modes d’action trouvent-ils écho dans nos structures associatives? Tout d’abord, coupons le cou aux idées reçues: la désobéissance civile n’est pas le joyau de mouvements anarchistes et extrémistes. Cette modalité d’action se veut profondément non-violente. Quelques exemples chez nous: les faucheurs volontaires d’OGM à Fernelmont, la mise en place de jeux olympiques «Déjouons la STIB» par des Homostibiens2, le refus de travailleurs sociaux ou d’associations de pister les demandeurs d’emploi, le récent déploiement par Greenpeace d’une banderole sur une des tours de la centrale nucléaire de Tihange, etc. Toutes ces pratiques font écho d’un pacifisme fort qui va même jusqu’à mettre les activistes en situation de grande vulnérabilité face aux forces de l’ordre. Pensons, par exemple, à ces collectifs comme les Femen qui se laissent enchainer, emmener et détenir par la police. On est donc bien loin d’un mouvement radical, agressif et violent. Ces militants agissent en portant chacun la responsabilité de leurs actes et cet engagement singulier ne peut se vivre qu’au nom, selon eux, de revendications hautement légitimes pour l’ensemble de l’Humanité.
Esperluette n°84 (Avril/Mai/Juin 2015)

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